Mercredi 24 février, je me suis rendue dans les quatre communes qui composent l’île de Noirmoutier (Barbâtre, L’Épine, La Guérinière, Noirmoutier-en-l’île) à la rencontre des conseils municipaux.

Bien que distinctes, les quatre communes partagent des problématiques similaires. Sujet majeur, la crise du logement n’est pas sans conséquence pour la vie de l’île : travail, école… La raréfaction des biens et l’inflation des prix consécutive contraignent les travailleurs à s’installer sur le Continent. Ce sont autant de familles qui ne consomment pas ou d’enfants qui ne sont pas scolarisés sur l’île. J’ai senti une volonté partagée par les quatre communes de s’attaquer sérieusement au problème afin que Noirmoutier ne devienne pas qu’un îlot de résidences secondaires ou une maison de retraite accessible par un pont. L’instauration d’une taxe sur les logements vacants apparaît comme une option adaptée pour amoindrir ce problème.

L’intercommunalité souhaiterait la création d’une écotaxe, ou éco-participation, qui serait affectée à la préservation des zones humides, l’entretien des ouvrages hydrauliques, l’entretien du Gois et du pont. Comme le précise monsieur le maire de Barbâtre Louis Gibier, il convient de faire la distinction entre le vacancier à la journée et le résident secondaire, « le tourisme n’est pas que richesse, il impose un double réseau d’assainissement par exemple ». Monsieur le maire de l’Épine Dominique Chantoin rappelle que les deux îles à pont Ré et Oléron perçoivent respectivement une écotaxe et une compensation d’écotaxe de la part du Conseil Départemental de la Charente-Maritime. En Vendée, l’île d’Yeu perçoit une partie du billet de la traversée. Cependant, le retour d’une barrière de péage pour venir sur l’île fait débat depuis que son accès est libre. Bien que certaines positions aient pu évoluer, je vous invite à lire l’article consacré par Ouest France, le 22 février 2019, sur ce sujet. À défaut de barrière, la perception de la taxe pourrait s’opérer par un système de caméras. Cette technologie permettrait par ailleurs une meilleure protection de l’île pour lutter contre les vols et dégradations dans les résidences secondaires (contrôle de l’entrée et de la sortie de véhicules extérieurs sur l’île).

L’Épine

La journée a débuté avec le conseil municipal de l’Épine. Monsieur le maire Dominique Chantoin, président de la communauté de communes Île de Noirmoutier, était entouré des adjoints Jean-Pierre Brunet, Roseline Baranger, Michel Allaire, Andrée Bonin-Roger, des conseillers municipaux Michel Allemand, Hervé Gallais et Xavier Martin.

L’actualité parlementaire a principalement fait partie de nos échanges. Bien que j’ai adressé un courrier en ce sens à tous les maires du département, il m’a semblé utile de rappeler les objectifs de ma proposition de loi visant à mieux protéger les jeunes mineurs des crimes sexuels et apporter des précisions sur le seuil d’âge.

L’instruction en famille, remise en question dans le projet de loi « confortant le respect des principes de la République » (article 21) qui sera prochainement à l’agenda du Sénat, fait également partie des préoccupations des élus. Alors rapporteure de la proposition de loi visant à simplifier et mieux encadrer le régime d’ouverture et de contrôle des établissements privés hors contrat, j’avais pu percevoir le flou concernant le contrôle de l’instruction en famille par les élus municipaux. Je conviens que des conseillers municipaux puissent ne pas avoir de compétence particulière sur le sujet, les personnes présentes admettent porter une appréciation subjective lors des contrôles effectués. À l’Épine, 5 familles instruisent leurs enfants à domicile. Par ailleurs, monsieur le maire déplore ne recevoir aucun retour du rectorat suite aux contrôles effectués. Si le projet de loi « confortant le respect des principes de la République » fait polémique - il lui est notamment reproché de stigmatiser les musulmans – il permet cependant de s’interroger sur l’instruction en famille et faire une mise au point sur les obligations des élus. J’ai pu rencontrer à ma permanence de la Roche-sur-Yon des familles qui la pratiquent, elles privilégient le bien-être des enfants et l’ouverture aux autres plutôt que le repli sur soi malgré le relatif isolement durant les apprentissages. Je suis convaincue que cet enseignement alternatif n’est pas un problème, sinon à la marge, et c’est pourquoi j’ai déposé un amendement visant à supprimer l’article 21.

Pour terminer, nous avons évoqué le problème de l’accès aux piscines couvertes pour les scolaires. La transmission d’informations officielles dans le cadre de l’urgence sanitaire manque de fluidité. L’élu local n’est pas un juriste et il n’est pas toujours aisé de déchiffrer les décrets, d’appliquer ou de lever les restrictions. En cette période compliquée pour nombre d’élus, une explication de texte officielle, ministérielle ou préfectorale, apporterait un soupçon de quiétude appréciée dans la gestion des communes.

La Guérinière

Monsieur le maire Pierrick Adrien était entouré des adjoints Marie Boutolleau et Philippe Tramcourt.

La municipalité porte de nombreux projets mais la concrétisation de ceux-ci sont malencontreusement conditionnés par les conclusions du litige qui oppose la commune au camping des Moulins. La veille, le Conseil d’État donnait raison à la SAS Les Moulins et enjoignait donc la municipalité à s’acquitter d’un reliquat de 2 millions d’euros. 

La construction de 4 logements sociaux, la réhabilitation de 2 logements temporaires, la rénovation du restaurant scolaire et de la médiathèque (subventionnée à hauteur de 80 %), la réhabilitation de l’actuel gymnase en salle multi-activités et la transformation du parking des Pins (jeux d’enfants, mobilier urbain, terrain de pétanque) figurent parmi les projets avancés. Faute de subventions suffisantes, l’aménagement du boulevard de l’Océan est reporté.

Le transfert de la mairie est évoqué parmi les projets du mandat.

Le confinement et la promotion du télétravail ont amené des personnes à s’installer dans leur résidence secondaire et permis l’inscription de nouveaux enfants à l’école.

En vue de préparer « l’après-COVID », Marie Boutolleau, en charge du CCAS, évoque la volonté de réunir les associations caritatives et les assistantes sociales à l’échelle de l’île afin d’optimiser les offres de services et d’aides sociales.

Barbâtre

Monsieur le maire Louis Gibier était entouré des 4 adjoints : Sylvie Guéguen, Jean-Maurice Fouasson, Catherine Coeslier et Alain Cieren.

Grand amoureux de son île, monsieur le Maire attache une grande importance à l’écotaxe. Il l’envisage comme une compensation en faveur de la protection de l’environnement, plus coûteuse et moins rémunératrice que la bétonnisation pour une collectivité. Il est également très impliqué dans la démarche de classement Grand Site de France du passage du Gois. Plusieurs blocages inhérents à ce dossier (par exemple, il ne serait plus possible de stationner sur l’estran) persistent mais la détermination et les idées originales d’aides au financement ne manquent pas pour mener à bien ce projet.

Les élus déplorent que l’île soit écartée des différents plans de relance du fait de l’insularité. Faute de ne pouvoir créer de l’emploi, notamment par l’installation d’usines, handicapée par un foncier qui explose, « les jeunes quittent Noirmoutier qui devient une île de riches et de retraités ».

Noirmoutier-en-l’île

D’emploi, il en est également question avec monsieur le maire Yan Balat, entouré de la première adjointe Sophie Chartier et de la directrice de cabinet Nadia Nouvion. La fermeture du site Bénéteau, sur le port de l’Herbaudière, sera impactante pour la commune, l’île et les 50 familles directement concernées. La municipalité souhaite que le terre-plein industriel soit affecté à des entreprises nautiques afin de permettre aux personnes licenciées de retrouver un emploi en lien avec leurs compétences et rester sur l’île. Monsieur le maire me fait part de propositions intéressantes, dont celle émanant du « chantier naval insolite » Bathô. La création d’un tiers-lieu est également envisagée, il permettrait à des projets d’entreprises en lien avec le nautisme de se lancer. La municipalité n’oublie pas pour autant le versant touristique de l’Herbaudière et souhaite développer une offre d’éco-tourisme.

Le développement du port passerait également par le remplacement de l’élévateur dont le tonnage actuel (80 tonnes) s’avère insuffisant. L’investissement pour un élévateur 150 tonnes représente entre 500 et 800 K€. 

Pour parer à la crise du logement, la municipalité mène une étude sur les parcelles disponibles. La municipalité ne souhaite pas que la gestion de l’urgence occulte les projets sur le long terme. Un programme de logements prévoit l’édification de 47 maisons individuelles, dont 36 au sein d’un éco-quartier Champ Marteau.

Les violences faites aux femmes sont un problème que souhaite porter Sophie Chartier. En ma qualité de présidente de la délégation aux droits des femmes, je ne peux que soutenir cette volonté et l’assure de mon engagement à ses côtés pour lutter contre ce fléau qu’il est souvent difficile de gérer sur une île, comme dans des petites communes.

Monsieur le maire m’a également fait part de problèmes de sécurité engendrés par la crise de la Covid. N’ayant pas de lieux pour faire la fête, des groupes de jeunes  se sont réunis sur les plages durant l’été (jusqu’à 200 à 300 personnes au total). Ces rassemblements ont été la source de nuisances sonores, de dégradations matérielles et de tensions intergroupes sur fond d’alcool. Les effectifs de gendarmerie, bien que renforcés pendant la période estivale, n’étaient pas suffisants pour faire face à cette situation inédite. Cette crise a pu également engendrer, avec la reprise de la pandémie, une rivalité nuisible entre résidents et extérieurs.

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